En ce samedi, mon nom figurait dans la tête de centaines de personnes. Il circulait d'oreille en oreille et volait parmi les affiches collées sur les murs des plus longs corridors de mon collège, Tong high school. Les élèves parlaient de moi comme si j'étais le centre d'attention. Pourtant, avant aujourd'hui, aucuns d'entres eux connaissaient mon visage. Et oui, je venais maintenant de m'introduire dans le merveilleux monde de l'Angleterre. Pour les autres, je venais d'une autre planète. Après tout, Québec, ce n'est pas Pluton! Ne vous inquiétez pas, je n'ai pas la peau verte et les antennes classiques. J'ai le teint légèrement bronzé et les cheveux bruns, bouclés, un peu comme une coiffeuse pas coiffée. Mes yeux verts n'agissent sur moi que pour le charme, à qui je dois les nombreux hommes qui me courtisent. Bref, ma vie est tout à fait normale, et je n'en demande pas plus. Du moins, depuis que j'ai atterris dans ce nouveau coin de pays, j'ai pris une certaine routine, une habitude.
Je circulais, sous les regards intrigués de mes collègues, en direction de mon bureau du cours de biologie. C'était le premier. Cela ne faisait pas plus de 4 jours que je vivais au sein de ce collège et, déjà, je m'y sentais emprisonnée. Les autres avaient pris leurs cahiers et s'apprêtaient à écrire les paroles du professeur. D'autres bourraient leur crayon de mines de plomb. Moi, j'hésitais encore sur la couleur de mon cahier canada pour cette matière.
Le choix est dur, beautée? S'exprima fièrement mon voisin de droite.
Je rougis, toujours fixée sur mon cartable. C'était à peine si je pouvais respirer. Ma gorge enflée de honte hurlait dans tout mon corps.
Prends le bleu, poupée, ça ira avec la couleur de ta minijupe! Pas vrai, Anthony? Hurla son copain, assis juste derrière.
Quelques étouffements de rire parvenus à mon oreille me tracassaient. Je me doutais bien que c'était une mauvaise idée de mettre cette minijupe pour l'une de mes premières journées.
Arrête, Mathieu. Je la trouve plutôt jolie moi, la nouvelle, avec sa minijupe!
Je tournai la tête et regarda le jeune homme qui fit la remarque, intriguée. Son look lui donnait un air mystérieux, que je trouvais, ma foi, très séduisant.
Ne me regarde pas comme ça, je suis sérieux. Ça te donne des putains de belles fesses!
J'esquissai quand même un sourire, ravie de voir que dans ses yeux légèrement bridés, il était sincère. Ses cheveux étaient placés avec un peu de gel et ça lui donnait un air joueur, tout comme son rire. Je me mis à écrire les notes du professeur tandis que les trois hommes qui m'entouraient n'écoutaient pas du tout.
Griffonnant sur un coin de mon bureau, j'étais lunatique. Le reste du cours se déroula comme je l'avais imaginé; long et ennuyeux. Dire que je devais encore rester deux ans assise sur les inconfortables chaises en bois du collège. La cloche venait de sonner et je me dirigeai vers la sortie. En traversant le cadre de la porte, une jeune femme blonde me bouscula fermement. Je perdis l'équilibre et trébucha. Des gens riaient, d'autres avaient l'air choqués. Ma tête tournait, j'étais déboussolée. En levant les yeux et une grande main foncée s'offrait à moi. Je la pris et l'utilisa pour me relever. Cette main appartenait au joli garçon au teint balzané qui m'avait complimentée, un peu plus tôt ce matin. Il me glissa un sourire et se retourna, rattrapant rapidement la fille qui m'avait bousculée. De loin, j'entendais leur rude conversation :
Tu aurais pu faire attention, Demmy!
De quoi parles-tu? Je ne l'ai pas touché!
Ouais... En plus, tu me mens en pleine figure!
Écoute, si cette petite garce te regarde encore avec ces yeux, elle aura affaire à mon caractère!
Voilà de ce dont je te parlais! Tu es tellement prétentieuse!
Je m'en fiche, si tu ne l'accepte pas, c'est ton problème, il va falloir que tu t'y fasses!
Je ne me soumettrai certainement pas à tous tes petits caprices, mademoiselle!
Et bien fiche le camp et va voir ailleurs, Zayn! Et, à ce que je vois, tu es très bien parti.
Elle jeta un terrible regard sur moi avant de continuer son chemin vers les casiers. Zayn essaya de lui agripper le bras, mais sans succès. Je marchai donc vers lui, inquiète.
Oh mon dieu je suis désolé! Je...
Non... Ça va aller. C'est de sa faute, elle n'avait pas à te faire ça.
Écoute moi bien, vous êtes ensemble, n'est-ce pas?
Il fit un léger signe d'affirmation, tête baissée.
Alors retourne la voir, et dis-lui que tu es désolé. Dépêche-toi, elle tourne le coin!
Incertain, il hésita, me regarda dans les yeux, me prit la joue et chuchota un doux «Tu es une fille formidable» avant de rattraper la jeune femme. En le regardant s'éloigner, je me posais nombre de questions sur ce couple assez spécial. Comment pouvait-il rester avec une fille aussi «prétentieuse», comme il dit?
|Le lendemain|
À la cafétéria, les décibels étaient à leur maximum. On s'entendait à peine parler. Dans le collège, les gens s'asseyaient un peu comme dans un parlement. Les plus populaires protégeaient leur territoire, et les moins populaires prenaient place aux tables les plus éloignées. Moi, je n'avais pas vraiment de place. Je dirais plutôt que j'avais une sorte d'espace réservé aux «nouveaux». Ils étaient tous debout et mangeaient, en silence, écoutant les bruits environnants. Tandis que je me joignais à eux, je sentis un souffle chaud dans mon dos.
Bonjour, jolie créature.
Je sursautai et me retourna. Zayn me faisait face.
Oh, bonjour! Tu n'es pas avec les garçons?
Justement, je voulais que tu viennes avec nous!
Et bien je pourrais, mais, ta copine...?
Ne t'inquiète pas pour elle, elle n'est pas à l'école aujourd'hui.
Oh... D'accord! Mais je suis un peu gênée...
Oh arrête, je sais que tu n'es pas une fille gênée! Commence par me dire ton nom et viens manger avec nous!
Moi? C'est Camille.
Enchanté chérie, moi c'est Zayn! Maintenant, suis moi!
Et il m'accompagna jusqu'à une table assez peuplée d'hommes à la carrure robuste. Quelques filles parsemaient le lot. Je rougis brusquement quand Zayn me présenta aux autres. On passa tout le midi à discuter, tout le monde avait l'air à m'accepter. Ce midi était plutôt bien, je commençais à m'amuser. Dès que la cloche fût sonnée, je me précipitai à mon cours. Zayn me retenu quelques secondes :
J'suis content de t'avoir connu Camille, tu es une fille géniale.
Oh tu es un garçon génial aussi, Zayn!
J'aimerais que tu viennes manger avec nous une autre fois, je crois que tout le monde a apprécié!
J'acceptai, heureuse. Je rentrai dans ma classe, en recevant un petit clin d'½il de la part de ce mystérieux garçon.
|Une semaine plus tard|
Maintenant, c'était devenu une habitude, je dinai avec Zayn et ses amis. Ils avaient l'air à m'apprécier. Je m'étais même fait invité à la plage ce soir, en leur compagnie. Les cours étaient longs, j'étais impatiente de les voir torse nu, courir sur la plage, en cette chaleur et cette belle température. Ces gars là avaient un tempérament joueur, j'avais l'impression que j'allais bien m'amuser. Zayn n'avait pas vu Demmy depuis qu'ils s'avaient parlés, parce qu'elle lui répétait constamment par téléphone qu'elle était malade. La vérité, que j'avais entendu de ses meilleures amies, c'était qu'elle ne savait comment dire qu'elle ne l'aimait plus. Pauvre Zayn, il n'avait rien à se reprocher. C'était le caractère de Demmy qui les a séparés. Malgré tout, je me sentais mentalement prête à soutenir Zayn dans sa rupture. Du moins, dès qu'elle lui dira. Pour l'instant, j'étais assise dans la salle de spectacle de l'école. Le cours de chimie d'aujourd'hui était annulé pour assister à une prestation de quelques élèves courageux qui voulaient monter sur scène. Les rideaux s'ouvrirent et le premier petit groupe se présenta. La musique était bonne, je m'étonnais du talent que les élèves de l'école possédaient. Après quelques groupes, toutes les lumières s'allumèrent et je vis un jeune pakistanais qui se prés... Mais, c'était Zayn!
Bonjour les jeunes! Il est très nerveux cet après-midi, mais nous voulions absolument vous présenter ses talents de chanteur, car il participera bientôt à l'émission anglaise X-Factor, voici Zayn Jawaad Malik!
Décidément, j'en savais peu sur cet homme. Mais j'étais stressée pour lui, de le savoir devant tant de gens.
Il chantait la première fois sur scène. C'était «Let me love you», une chanson que j'ai souvent écoutée à répétition durant mon enfance. Après sa fantastique prestation, je me levai et l'applaudis. Il chantait si bien! Son talent caché me rendait hystérique. Tout le monde me suivirent et se levèrent à leur tour. Il sortit de scène et je me précipitai vers l'arrière-scène, en compagnie de Mathieu. Je sautai dans ses bras, folle de joie.
Zayn! Tu ne m'avais jamais dit que tu chantais! Tu étais fantastique!
Merci Camille! J'étais très stressé...
Arrête, tu étais génial! Et tu passeras à la télé? Tu as passé les auditions pour X-Factor?
Oui, et j'ai été accepté. Mais mes parents détestent passer à la télévision. Et je veux que ce soit toi qui viennes avec moi.
Pourquoi moi? Et Demmy?
Son visage changea vite d'émotions. Il l'avait surement apprit ce matin. Ses yeux se remplirent d'eau, il prit un grand souffle et me regarda dans les yeux. Je ne pus m'empêcher de le prendre dans mes bras.
C'est fini, elle et moi.
Je suis désolé mon chou...
La plage, ce soir, tu viens toujours? Ça va me changer les idées...
Oui, je viendrai, je te le promets.
|À la plage, loin de la ville de Bradford|
Arrivés à la plage, les garçons ont tous courus vers la mer, enlevant leur chandail en cours de route. Le paysage était à couper le souffle. J'étais accompagnée de la copine à Anthony, Sophia, et celle de Mathieu, Ariane. On s'installa dans le doux sable qui longeait la côte. On observait les hommes se baigner, tandis qu'on sortait notre crème solaire.
Antho! Viendrais-tu me crémer s'il-te-plait?
J'arrive chérie!
J'imagine que tu m'attends aussi, ma douce?
Oui oui!
Les deux hommes sortirent de l'eau, s'essuyèrent les mains et étalèrent des la crème dans le dos de leur dulcinée. Zayn, encore trempé, s'approcha de moi.
Tu n'as pas peur du Soleil, toi! Tu veux que je t'en mette?
Si tu veux, ça me protègera un peu!
Il empoigna rapidement la crème solaire, de peur que je ne change d'idée avant qu'il agisse. Il était mignon, cet homme!
Allez, couche-toi sur le ventre, bébé.
J'eu droit à un massage suprême. Le bain de soleil fût tout aussi bon, on avait l'impression d'avoir prit un petit teint foncé. Les deux copines des garçons allèrent par la suite faire un tour dans l'eau rafraichissante. Moi, je préférais rester sur le sable. Zayn, qui était assis près de moi, il avait l'air à réfléchir. Le soleil plongeait dans son regard brillant. Quelques minutes passèrent et il tourna légèrement la tête, me fixant.
Crois-tu que je pourrai m'en sortir? Je veux dire, sans Demmy?
Bien sûr que oui, Zayn. L'aventure qui t'attend à X-Factor promet d'être extraordinaire. Démontre-lui que tu es capable de vivre ta vie sans qu'elle te contrôle.
Je me suis toujours demandé si, un jour, j'allais avoir des enfants. Ma mère me répondait que la femme que je trouverai devra être en accord avec ce choix, car un enfant, ça se fait à deux. Demmy, elle, me répondait qu'elle n'en aurait jamais, parce que son enfance a été trop difficile...
Et à moi de te répondre que peut importe ce que les gens te diront, ce ne sera certainement pas le passé ou les autres qui décideront à ta place. Tu as le dernier mot, il ne reste qu'à l'employer adéquatement...
Il soupira et regarda encore une fois le soleil. Il fronça légèrement les sourcils, à cause des forts rayons.
Me laisseras-tu dire ce dernier mot, toi?
J'eus un sourire discret.
Si tu réussis à passer l'étape 1 de X-Factor, peut-être auras-tu droit à un dernier mot de ma part!
Il éclata de rire. Ses yeux démontraient son impatience.
Dans ce cas, je suis impatient de devenir un chanteur populaire! Malgré que ce ne soit impossible.
Rien n'est impossible, Zayn.
Il se leva et me prit dans ses bras. Je ne touchais plus le sable. Il me regarda, joueur. Zayn couru vers la mer et me plongea dans l'eau. Elle était tiède, réconfortante. Il m'éclaboussa, et je fis de même. Sourire aux lèvres, on riait en ch½ur.
Après quelques temps, nous six étaient étendus sur nos serviettes, relaxant. Cependant, avec un regard taquin, Anthony jeta une poignée de sable sur le dos à Zayn. Il leva la tête, sourcils froncés. Anthony se retenait pour rire. Calmement, Zayn fit comme si rien ne s'était passé et déposa sa tête sur la serviette. Mais il n'abandonna pas de sitôt. Il se releva et sauta sur Anthony en riant. Ils se mirent à se battre amicalement, et Mathieu se joignit à eux. Zayn finit enterré dans le sable chaud. Moi, Ariane et Sophia riaient.
Le soleil commençait à se coucher, il se faisait tard. En pliant les serviettes, Mathieu brisa le silence qui avait gagné sur nos sourires à cause de la fatigue.
Ce soir, je fais un party à la maison, qui vient?
Moi je viens!
Nous aussi!
Et toi, Camille?
Je ne suis pas habillée pour aller à un party...
Ce n'est pas grave! Écoute, on passe chez vous, tu te changes et on part, ça te va?
J'embarque!
Sur ces mots, Zayn et moi quittâmes la plage en direction de mon appartement. Je conduisais, car il n'avait pas encore son permis de conduire.
En arrivant sur le seuil de la porte, je sortis ma clé.
Je t'attends ici. Dit Zayn, sortant un briquet de sa poche droite.
Qu'est-ce que c'est que ça?
Un briquet, ma chère! Je t'apprends sûrement quelque chose!
Il me sourit.
Depuis quand fumes-tu?
Depuis trop longtemps! D'ailleurs, ça fait aussi longtemps que j'en ai pris une...
Alors ça attendra, minou. Je lui pris son paquet de cigarettes et le glissa dans ma poche. Il fait frisquet dehors, je ne veux pas que tu prennes froid. Allez, entres!
Il soupira, en désaccord avec mon avis et mon commandement. Il fit tout de même mine d'appréhender. Il referma la porte derrière lui et analysa la pièce du regard.
Ôtes tes souliers et assieds-toi, ne te gêne pas!
Il me jeta un coup d'½il, ricana et enleva ses souliers. Le beau brun prit soin de faire le tour de l'appartement dans lequel j'habitais. Certes, il était petit, mais suffisant. J'entrai dans ma chambre et pris place sur mon lit. Je regardai ma garde-robe, ne sachant quoi me mettre.
Tu veux que je t'aide, poupée? S'interrogea-t-il, me regardant à travers le cadre de la porte.
Si tu veux, mais je n'ai rien de chic.
Je ne veux pas que tu t'habilles chic, je veux que tu sois décontractée.
Il avança dans ma chambre et jeta un rapide coup d'½il à ma garde-robe. Il sortit une petite robe courte, noire, munie de trois lignes blanches au milieu. Cette robe me fit sourire.
Qu'est-ce qu'il y a? Tu ne l'aimes pas?
Au contraire, je l'adore! Tu as du goût, jeune homme!
Et bien, c'était celle-là, ou bien... Il décrocha un autre morceau de la garde-robe, ce petit ensemble.
Il tenait un petit kit en soie rouge que je n'avais encore jamais mis. Comment avait-il fait pour trouver ce morceau au travers de tous les autres? Sacré pakistanais.
Si c'étais moi qui choisirai, j'aurais définitivement pris celui-là. Il désigna l'habit de soie. Son visage taquin me fit rire.
Sers-ça! Ce n'est pas pour les yeux de jeunes garçons comme toi!
Ahah, je ne te croyais pas aussi coquine, Camille!
Il me fit un rapide clin d'½il et cacha la lingerie derrière son dos, de manière à ce que je ne puisse l'atteindre.
Arrête, donne-moi le, je le mets seulement que devant les gentils garçons.
Il me le donna rapidement. Son regard joueur me revenait de nouveau.
Je suis un bon garçon, moi, tu sais. Dit-il, sur un ton d'assurance.
Bien sûr que je le sais. C'est entre autre pour cette raison que tu va sortir de ma chambre et me laisser me changer tranquille. Allez, oust!
Je le poussai doucement hors de ma chambre, tandis qu'il tournait la tête derrière lui, essayant désespérément de me voir mettre le kit rouge. Je claquai la porte et sortis un petit rire, qui se fit entendre de l'autre côté de celle-ci.
T'es pas drôle, miss Giard! Dépêches-toi, sinon j'ouvres la porte!
Ces paroles firent accélérer la vitesse à laquelle je me changeais. En sortant de la pièce, Zayn, bras croisés, me relooka, déçu de ne pas m'avoir convaincue de porter ce fichu vêtement en soie. Il était tout de même fier de m'avoir fait mettre la jolie robe que j'avais. Et on parti pour la fête, laissant quelques taquineries sortir de nos bouches entrebâillées.
|La maison de Mathieu|
Aussitôt que Zayn ouvrit la porte, l'ambiance nous fit frissonner. Nos c½urs se mirent à battre au son de la forte musique. Les gens s'entassaient dans la maison de Mathieu, ils se piétinaient. Ils parlaient fort. Nous hésitâmes à renter, mais un garçon passa devant la porte et nous sourit, Je lui retournai le sourire tandis que je poussai légèrement Zayn à l'intérieur. Il mit le pied dans l'entrée, me regarda et se mit à rire.
Je crois qu'on va bien s'amuser!
Allez va, je sens que ça sera long avant de trouver Mathieu!
Il renchérit. Après avoir enlevés nos souliers, nous commençâmes à se frayer un chemin vers la cuisine. Je suivais Zayn, agrippée à son chandail gris foncé à manches longues. Ça me rassurait de savoir qu'il était présent, m'aventurer seule ici aurait été un désastre.
En contournant la table du salon, nous fussent bousculés vers l'arrière. Zayn reprit son équilibre et tapota l'épaule de l'homme qui nous avait fait chavirer. Il était saoul, il puait l'alcool. Mon ami ne lui lança qu'un seul regard, et cela aura suffit à rendre l'homme mal à l'aise. Qu'il était protecteur, ce pakistanais! Il me prit la main et m'entraîna de nouveau dans la foule.
Nous atteignîmes enfin la cuisine. Mathieu, entouré de verres et de personnes, servait des boissons à tout le monde.
Salut! Vous en avez mis du temps! Où étiez-vous passés?
Pris dans l'embouteillage d'invités! Dit-il, pointant les gens derrière nous.
Il y a du monde heh? C'est comme ça chez nous, tout le monde est invité!
Il versait environ une once de rhum dans chaque verre qui se présentait. Ariane arriva derrière lui, balai et porte-poussière à la main.
Il y en a un qui a fait tomber un vase dans le salon, mon Amour.
Ce n'est pas grave, on en achètera un autre! Chérie, irais-tu monter le son sur le système de son s'il te plait?
Elle fit un signe de tête et nous envoya la main, sourire aux lèvres. Ensuite, elle se dirigea vers le système de son. Les deux hommes continuaient à bavarder.
Bon je vous laisse, je n'en peux plus de cette chaleur, je vais faire un tour dehors. Dis-je, secouée par l'ample population.
À tantôt bébé, me chuchota-t-il en glissant ses doigts aux miens. Tu me promets que je vais le voir sur toi, un jour, cet ensemble?
Bois pas trop, je ne veux pas que tu te rendes malade. Fis-je, sans répondre à sa question. À plus tard les garçons!
Zayn resta surprit de ma réponse. Il me fit malgré tout un petit sourire enthousiaste. Je tournai les talons et alla vers le balcon, dans la direction que Mathieu m'avait indiqué.
Sur le balcon, j'admirais le large jardin qui parsemait une partie du vaste terrain de la maison. Il en avait de la chance, Mathieu, d'être un enfant de riche! Il voyait la vie comme un cadeau, simple et amusant. Malgré que d'avoir tout ce que l'on veut doit comporter des inconvénients. À sa place, avoir autant de gens dans ma baraque me rendrais folle. Même le balcon était remplit à ras bords. À mes côtés, un homme de taille moyenne, cheveux blondins, se fit une place.
Hey, tu n'es pas drôle, Raphaël! Si tu me passe par-dessus bord, je t'emmène avec moi! Avertissait-il au grand et robuste homme qui était derrière lui.
Décidément, il était saoul. Il parlait avec une voix assez grave et ne savait plus du tout de quoi il parlait. Dès qu'il m'aperçu, il me fixa dans les yeux et rougit aussitôt.
Heh, je ne savais pas qu'il y avait des jolies femmes ici! Il se frotta les yeux. Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel? Je rêve ou je ne suis pas chez nous? S'adressant à moi : Dieu merci, tu n'a rien à boire. Je ne veux surtout pas que tu finisses comme moi! En se pointant lui-même. Enfin, je dis ça comme si j'étais très vieux mais ce n'est pas le cas. Je suis plutôt jeune et beau gosse, tu ne trouves pas?
Ahah, sincèrement? Tu es mignon!
Surprit, il affirma :
Ah, tu es charmante, toi! Je reviens, je vais te chercher quelque chose à boire! Il ne se rappelait pas du tout de ce qu'il m'avait dit quelques secondes auparavant.
Oh non merci, je n'ai pas soif...
J'insiste, chérie!
D'accord...! Non-alcoolisé, tu serais adorable!
Voyons voir si je me rends à la cuisine...
Il partit directement dans la maison. Il perdit l'équilibre en chemin, mais quelques hommes le rattrapèrent. Il riait. Je me suis dis qu'il n'allait sûrement pas revenir avec mon verre intact, donc j'abandonnais l'idée de boire. J'essayais de respirer à fond l'air, car les gens dégageaient assez de chaleur pour que je me sente coincée. Après un certain temps, j'entendis quelqu'un crier au loin.
J'ai ton... J'ai ton verre!
Je me tournai, et le blondinet me tendait un petit verre en vitre remplit de liquide rouge, qui semblait être un jus de fruits.
C'est le spécial du chef! Jus de baies spécialement importé du distributeur, le réfrigérateur, et prêt à boire par le consommateur, c'est-à-dire toi, et qui pourrait facilement être accompagné d'un quartier d'orange frais ou d'une cerise bien rouge... Pas toi qui es accompagnée, je veux dire le jus! Ça pourrait bien être des bananes aussi, parce que c'est bon des bananes! Et aussi quelques pommes, coupées en dés, comme dans une salade de fruits... Et aussi...
Ok, ça suffit. Lui dit Mathieu, sortit de nulle part. Il lui tapota l'épaule et lui dit, d'un ton interrogateur : Tu as faim mec?
Le beau blond souffla un «Oui...», désespéré. Il se mit ensuite à pleurer à grosse larmes. L'alcool n'avait pas vraiment d'avantages sur lui, à vrai dire. Je le rassurai et l'escorta à la cuisine avec l'aide de Mathieu.
À partir de la cuisine, on pouvait vaguement distinguer les nombreuses femmes qui entouraient Zayn, sur le divan. Cet homme ne pouvait s'empêcher d'avoir des femmes avec lui.
Ma-Mathieu? Qu'as-tu donné à Zayn?
Oh, ne t'inquiètes pas, il est toujours comme ça dans les partys! Mais ça m'étonne, il a fumé plus que d'habitude...
Quoi?
Je te le jure! Je l'ai vu sortir avec les trois filles qu'il a autour de lui, tantôt. En vingt minutes, les trois avaient passés un paquet complet! Mais il faut dire que Demmy l'a laissé, il ne sait plus se contrôler et perd ses moyens. Je le connais bien, et à ce que je peux observer, tu compte vraiment à ses yeux, tu es peut-être la seule personne à pouvoir le sortir de sa «dépression»!
C'est sûr que je ne l'abandonnerai pas dans cette épreuve, mais disons que quand il a de l'alcool dans le sang, je ne peux rien faire! Dis-je en jetant un coup d'½il au jeune pakistanais.
Ouais et bien, pour l'instant, il essaie de se pardonner lui-même, rien ne pourra l'arrêter. C'est pour le nombre de cigarettes qu'il est à surveiller.
Tu peux compter sur moi, je resterai dans la maison!
Super! Je t'adore, miss!
Préoccupé, il fit demi-tour et servit quelques en-cas aux gens qui quémandaient de la nourriture. J'allai faire un tour au sous-sol, intriguée.
En descendant, plusieurs rires d'hommes parvenus à mes oreilles. Une dizaine entourait une grande table en bois. L'un d'entre eux me siffla. Tous les autres me regardèrent.
Une autre invitée pour jouer? S'écria l'un.
Et bien moi je joue si elle s'amène! Répliqua l'autre.
Allez viens, on va rire!
Je jetai un ½il sur le jeu qui prenait place sur la table. 18 verres étaient mis à la manière d'un jeu de quille, 9 de chaque côté. Chaque joueur disposait d'une balle de ping-pong, qu'il devait jeter, en faisant un rebond sur la table, dans un des verres de l'adversaire. Celui-ci devait donc boire tout le verre, d'un seul coup. J'y avais déjà joué. Mais je décidai de ne rien dire.
Ça semble être amusant. On essaie?
Les gars étaient ravis. Ils acclamèrent un homme assez musclé, qui faisait quatre fois la largeur de mes épaules. Je faisais une tête d'intimidée, et les garçons me regardaient, sourire fendu jusqu'aux oreilles, impatients de me voir saoule d'ici une quinzaine de minutes. Je relevai mes manches, m'appuyai sur le bout de la table et fixa l'autre concurrent. L'un de mes sourcils s'éleva légèrement. Il jeta sa première balle, manquée. Je tenais la mienne entres mes doigts, prête à lancer. Je pris une grand bouffée d'air, ferma ma paupière droite, sortit à peine la langue et me donna un petit élan, suffisant pour qu'elle rebondisse en émettant un court fracas à sa chute.
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